historique de la ferme

Jean et Madeleine Roussel

La ferme, d’une superficie de 30 ha, est située à Mont-St-Grégoire sur la route 104 qui relie St-Jean-sur-Richelieu à Farnham. En plus d’un boisé, des bandes tampons et des pâturages, une partie de la superficie est cultivée en céréales et en foin. Les légumes sont cultivés sur une superficie totale de 4,5 ha, y compris les serres. L’élevage compte 10 vaches jersiaises, des cochons et des poules.

Jean Roussel, Français d’origine, immigre au Québec en 1968 et achète la ferme actuelle en 1971 grâce à un prêt consenti par le gouvernement du Québec. Il achète également de la machinerie. Au moment de son acquisition par Jean Roussel, la ferme était abandonnée depuis 15 ans. Les bâtiments étaient délabrés et les terres étaient en friche. Il construit deux serres pour y produire des tomates et des concombres l’été et il défriche 2 ha de terre pour y produire l’endive l’hiver. Jean Roussel travaille également comme salarié dans une ferme voisine pour amasser le capital nécessaire à ses projets d’investissements. Il loue à compter de 1976 une autre terre laissée en friche de 35 ha.

En 1977, Jean Roussel épouse Madeleine Heurtebise, elle aussi d’origine française. Cette année-là, ils démarrent une endiverie. Ils empruntent pour construire un hangar de forçage et achètent de la machinerie et des équipements, dont un réfrigérateur, des tracteurs, un semoir, un sarcleur, une récolteuse à endives, un système d’irrigation, etc. L’endive demeurera la principale production de la ferme pour les vingt années suivantes.

Jean, serre et maison

Dès 1980, la ferme met en pratique les préceptes de l’agriculture biologique : production d’engrais verts, rotations des cultures, désherbage manuel, plantation de haies brise-vent à l’aide de 3000 pins rouges. À cette époque, la ferme compte 5 vaches et 70 ha en cultures (endives, soja, céréales). La Ferme Cadet-Roussel obtient sa certification biologique en 1985. En 1986, les promoteurs décident de passer à la pratique de la biodynamie. La certification Demeter obtenue en 1990 vient confirmer la vocation biodynamique de la Ferme Cadet-Roussel. À partir de 1991, en raison de graves problèmes de maladies occasionnant de grosses pertes dans les endives, Jean et Madeleine décident de diversifier les cultures pour produire des poireaux, du céleri-rave, des échalotes françaises et de la mâche. La production d’endives est alors réduite. Les légumes sont livrés à des restaurants fins, des épiceries fines, des groupements de particuliers et des distributeurs biologiques.

En 1995, la Ferme Cadet-Roussel devient une des premières fermes à participer au concept de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC), concept promu par l’organisme Équiterre à Montréal. Selon ce concept, les consommateurs deviennent partenaires du producteur biologique et acceptent d’acheter à l’avance une partie de sa récolte sous forme de paniers de légumes de saison.

L’ASC devient rapidement la planche de salut de la ferme. En effet, la ferme, jusque-là, arrivait difficilement à se rentabiliser avec les endives et les quelques légumes diversifiés qu’elle produisait. De 20 paniers en 1995, la ferme triple ce nombre pour atteindre 60 paniers l’année suivante. En 1999, la production atteint 100 paniers et double à 200 en 2000. De 2003 à 2008, la ferme est passée à 350 paniers l’été et 200 l’hiver.

Madeleine sur fond du Mont Saint-Grégoire

En 2009, la ferme se restructure, diminue la superficie en abandonnant la partie louée. L’ASC compte 200 consommateurs l’été et 150 l’hiver, cela reste un débouché qui demande une grande diversification dans la production des légumes. En effet, afin de pouvoir approvisionner les consommateurs sur une période la plus longue possible (40 semaines par année), il reste nécessaire de cultiver des légumes à cycles courts (radis, laitue, haricots) et d’ajouter des cultures à cycles longs plus communément recherchées, telles que les tomates, pommes de terre et autres solanacées, chou et autres crucifères, concombres et autres cucurbitacées, oignons, carottes, betteraves, etc.

De nombreux partenaires prennent leur rôle à coeur. En s’engageant, ils soutiennent et portent l’entreprise. Grâce à eux, les fermiers trouvent jour après jour un sens à leur travail et les forces pour soigner la terre. La vie sociale à la ferme est très riche. Une quinzaine d’employés, de bénévoles et de stagiaires partagent le travail estival. Les enfants de ces derniers prennent également part au quotidien. Les clients, partenaires et amis de la ferme visitent et mettent la main à la pâte. Les repas sont pris en commun le midi. De grandes fêtes sont organisées et marquent le rythme des saisons.

En 2010, à la suite de l’incendie de la grange, le troupeau rapetisse et est rapatrié du côté sud de la route. La ferme a ouvert un magasin de vente sur place. De plus, elle commercialise ses produits au marché public de Chambly. Une cuisine de transformation et un atelier de boulangerie ont aussi été créés. Ceux-ci sont encore en développement.

Jean et Madeleine Roussel, à la retraite

À partir de 2011, la ferme a suspendu les grandes cultures, mais conserve les engrais verts et les pâturages. Afin de respecter les principes de l’agriculture biodynamique, la ferme conserve un petit cheptel d’animaux diversifiés. Les déjections animales sont compostées en amas aux champs et sont épandues sur les champs de légumes et de grandes cultures afin de boucler le cycle de la fertilisation naturelle.

La ferme a été fondée il y a maintenant plus de 40 ans. Cette entreprise qui jusqu’alors était à propriétaire unique en est donc déjà au stade dans son cycle de vie où le sujet de sa pérennité doit être abordé. Depuis quelques années, la question de la relève se fait de plus en plus présente et pressante au sein de l’entreprise. Madeleine a pris sa retraite en 2004 et depuis séjourne en France. En 2010, Jean a enfin réussi à la rejoindre. En effet la ferme est passée de familiale à associative, c’est-à-dire, de propriétaire unique à une société en nom collectif. Leur fille Anne Roussel ainsi que son conjoint Arnaud Mayet ont repris la ferme.. Afin de pouvoir installer cette relève, monsieur Roussel a vendu le fonds de terre à une fiducie d’utilité sociale, par le biais de l’organisme Protec-Terre. Le but est de préserver la vocation biologique de la terre à perpétuité. La valeur financière des terres étant une charge considérable, ce mode de transmission présente l’avantage de ne pas endetter les jeunes repreneurs.

La production d’aliments vivants ainsi que l’aspect culturel, social et artistique demeurent au centre de la vie de la ferme.

La famille


Arnaud Mayet - Anne Roussel
Gwaloan - Suneetha - Liamiki









Serre de tomates